Jeudi 06 juillet
Résumé : Départ pour le pays Baduis, nuit dans un village baduis.
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Drrrrrrring, drrrrrrring... notre réveil nous annonce qu'il 1h45 et qu'il est temps
d'aller au Pappa Café pour voir la demi-finale France - Portugal. Jalan Jaska
grouille de monde, il n'y a plus le trafic routier infernal qui règne ici pendant
la journée, cette rue est finalement très sympa la nuit. Après une
première mi-temps calme, un français se déchaîne et chauffe
la salle. On apprend qu'il est ici depuis quatre ans, marié à une indonésienne et
qu'il est devenu complètement raciste. Il nous décrit des scènes de mise à mort dans
la rue auxquelles il a assisté en présence de policiers qui se sont contententés de compter
les points. Interloqué par ces scènes, sa femme lui confirme que c'est normal ici
de brûler vif un voleur de scooter ou de lui éclater la tête avec des pierres...
eh oui, nous sommes en pays musulman et il y a encore des lobotomisés qui appliquent
une forme immonde de la charia. Bref, la France a gagné, les récits du français ne
nous ont pas rassurés, on vient de rencontrer (trop tard) un guide pro pour le pays Baduis... et
il faut essayer de dormir car la journée va être longue et fatigante.
Après une nuit quasiment sans sommeil nous sommes sur pieds à 7h pour être prêts
à partir dès l'arrivée de notre futur guide (Mansyur Laki-Kaki rencontré hier sur la place
Merdeka) afin de pouvoir prendre le train express de 8h pour Rangkasbitung.
Le guide arrive avec un peu de retard. Il nous propose de renégocier notre accord
de la veille, en particulier il propose maintenant un forfait «tout compris» beaucoup,
beaucoup plus cher que les 20 euros par jour de la veille. Je me souviens de l'âpre
négociation que j'avais menée l'an dernier pour un trek en pays Dogon et surtout des regrets
d'avoir exploité un guide misérable. Craignant de faire de même, je suis disposé
à accepter sa nouvelle formule après un marchandage de rigueur sans conviction.
Mon fils Romain me fait signe qu'on se fait arnaquer, il a bien raison, mais j'en
prendrai conscience plus tard... d'ailleurs dans pas très longtemps....
Je suis pressé, il faut faire très vite maintenant pour avoir le train express
de 8h. C'est là que Mansyur décide d'aller aux toilettes, il y reste un bon quart
d'heure, ben voilà, premier indice de l'arnaque, nous avons raté le train express,
et bien sûr la différence de prix entre les deux classes va rester dans la poche
du guide puisqu'on a pris un forfait tout compris. Nous partons enfin mais le guide
va prendre son temps pour changer les euros que je lui ai donnés. A la gare il rencontre
un de ses copains guide (l'immonde Muhamad). Entre guides ils décident de faire
le trekking en commun sans en référer aux intéressés.
Nous n'en voulons pas trop à Mansyur de nous avoir fait perdre 2h30 car un train
«ekonomi»,
c'est vraiment folklo !
On est entassés comme dans le métro parisien
aux heures de pointe. Malgré cette foule, un défilé incessant de vendeurs de tout et
n'importe quoi parvient a se faufiler on ne sait trop comment. Le passage du contrôleur
nous rappelle que nous sommes ici dans le pays de la corruption. Autour de moi,
au moins un tiers des passagers n'ont pas de ticket de train. Faisant semblant d'être
discrets, on les voit glisser un billet de banque dans la main du contrôleur. Le
«pauvre» contrôleur, il a la main tellement remplie de billets qu'il a du mal à ne
pas laisser tomber sa poinçonneuse.
Arrivés à Rangkasbitung, Mansyur nous propose notre premier repas dans un snack,
il tient bien sa promesse du «tout compris», nous offre boissons, paquets de cigarettes,
etc... Puis nous embarquons dans le bus pour Ciboleger, soit trois heures dans un
paysage de rêve. Ce trajet est encore très folklo. Le bus a tellement de mal à
franchir quelques raidillons qu'on se demande s'il va falloir descendre pour pousser.
Le plein d'essence se fait en versant par dessus l'épaule le contenu d'un bidon
dans un énorme entonnoir... et bien sûr personne n'éteint sa cigarette. Mansyur
qui veut jouer au guide se sent obligé de faire des commentaires, tout le trajet
est ponctué de «banana tree» ou de «bamboo», visiblement il ne connaît que deux
noms d'arbres. A Ciboleger, on trie nos affaires pour amener le minimum, puis un
porteur-guide baduis se joint à nous, il transportera l'eau et la nourriture.
Et c'est parti pour le trek.... Première étape, il faut donner nos passeports à
des gardes qui nous font payer un droit d'entrée (et en profitent pour barrer nos
visas d'un trait au stylo). Nous allons marcher une grosse heure avant d'atteindre
le village de Gagebo où il est prévu de passer la nuit.
Nous arrivons à Gagebo une heure avant la nuit. Pour passer le temps nous allons
nous reposer au bord de la rivière Ciujung enjambée par
un impressionnant pont
construit exclusivement en bambou (pas de clou ni de fil métallique). Au passage,
Mansyur se souvient qu'il doit jouer au guide, il me montre «a cat». Très fort,
il sait reconnaître les bambous, les bananier et les chats, mais jusqu'où ira
cette érudition ? Depuis le pont on peut voir la moitié du village entrain
de faire trempette, ils sont tous à poil. Certaines femmes lavent le linge, d'autres
villageois font leur toilette, d'autres se prélassent simplement dans l'eau.
A l'approche de la nuit, nous allons vers
la cabane où nous sommes hébergés. Les Baduis
refusent tout modernisme. En particulier, il n'y a pas d'électricité, pas d'eau courante,
pas de lits ni de tables, on dort et on mange directement sur le plancher des cabanes.
Pas de toilettes non plus dans les maisons et même dans le village. Mais alors,
comment faire ses besoins ? Mansyur nous dit qu'il faut faire comme les Baduis,
c'est à dire descendre à la rivière, il y a un gué où le courant est plus fort qu'ailleurs,
c'est ici qu'il faut couler ses bronzes à la bonne franquette en compagnie des villageois
et villageoises. On note au passage que la zone de baignade des villageois est juste
quelques mètres en aval du gué, espérons que le courant est assez fort pour leur santé.
Le repas est servi. Beaucoup de petites assiettes mais leur contenu semble un peu
douteux. Heureusement il y a du riz et des pâtes, des valeurs sûres. Muhamad (l'autre
guide) me montre une assiette contenant des petits poissons me disant que c'est ce
qu'il y a de meilleur. Chouet, je vais m'en prendre un pour moi tout seul puisque les
autres n'en veulent pas. Beurk ! dégueulasse ! comme dirait l'autre
«c'est de la m...!». J'ai l'explication, ce poisson sert de condiment, il faut juste
en mettre une pincée pour remplacer le sel (c'est un peu comme si j'avais essayé
de boire un verre de nuoc mam).
Enfin l'heure de dormir. Nos nuits ont été tellement courtes depuis notre arrivée
qu'on dormira sur le plancher comme sur un lit... en espérant de ne pas avoir
besoin d'aller aux «toilettes».
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