Mardi 19 juillet
Résumé : Faux départ en pinasse pour Tombouctou.

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Ce matin, je suis à sec, impossible de changer les chèques de voyage à moins d'aller à Sévaré, la ville voisine. Je décide de tenter ma chance avec la carte Visa. Selon les guides, il faut trois heures d'attente. Je vais donc devant la banque avant l'ouverture pour être le premier servi. C'était une bonne stratégie car en 30 mn la transaction est achevée.

J'ai rendez-vous à 11h sur une pinasse avec l'intermédiaire qui m'a vendu le ticket pour Tombouctou. Il m'a préparé un coin a priori sympa, une natte soit disant pour moi tout seul. Pas de chance, je croyais me retrouver sur des sacs de riz, le comble du confort ici. Malheureusement, le chargement de cette pinasse est constitué à 90 pour cent de bidons métalliques cylindriques de 500 litres. Mon matelas est donc constitué de bidons en ferraille. La natte très fine permet seulement d'éviter de trop se salir. Enfin, en positionnant bien mon sac à dos et en mettant mes grosses chaussures de marche dans le creux entre deux bidons, j'arrive à avoir un espace vital à peu près supportable.

12h05, un bruit de moteur. Je suis impressionné par l'exactitude, à peine 5 mn de retard. On va peut-être atteindre Tombouctou en deux jours et deux nuits comme prévu. Cet optimisme ne dure que 5 secondes puisque après avoir quitté le quai de quelques mètres, le moteur s'arrête. Le bruit du moteur est remplacé par celui de marteaux et de clés, les mécanos sont à l'œuvre. Pendant ce temps une noria de pirogues amènes d'autres bidons et d'autres passagers. Mon espace vital est de plus en plus réduit. Si j'ai le malheur de plier une jambe, immédiatement, l'espace est occupé par d'autres pieds. Finalement, mon espace vital se trouve rapidement réduit à la portion congrue, juste de quoi poser une fesse sur un bidon, heureusement j'ai encore un recours avec mon sac à dos qui me sert actuellement de dossier, il peut aussi me servir de siège. Mais attention, si je m'assieds dessus, la nature ayant horreur du vide, j'y serai définitivement coincé.

Enfin, au bout d'une heure et demie, le moteur vrombit à nouveau. Nous faisons 50 mètres, et plouf, plus de moteur. Rebelote, cette fois-ci, deux heures de réparation. Et toujours la noria de pirogues qui n'en finit pas d'apporter des bidons et des passagers. Évidemment la pinasse est saturée. Derrière moi il y a un mur de bidons jusqu'au plafond de la pinasse. Le patron de la pinasse a une riche idée, pousser de 2 mètres le bétail (c.a.d. les passagers) pour mettre un double mur de bidons. Il commence par me demander d'avancer de deux mètres. Je refuse et lui souffle dans les bronches « si tu n'as plus de place arrête de prendre des passagers et des marchandises ». Le ton monte, on se passe une belle engueulade, comme j'ai payé plusieurs fois le prix des maliens je l'envoie promener. Il me demande mon billet pour vérifier le prix payé, il semble s'excuser et me laisse tranquille.

On a déjà presque 4 heures de retard, la pinasse est aussi pourrie que les autres. Je commence à craindre de vivre le même scénario que le routard qui au bout de quatre jours a dû continuer son chemin vers Tombouctou en 4x4. C'est clair, si je reste sur la pinasse je ne pourrai plus faire le pays dogon. De plus, même avec un seul jour de retard, je vais perdre les arrhes payées pour la balade en chameau et le retour en 4x4. Par contre, je suis presque sûr de pouvoir récupérer les 45000 francs payés pour la pinasse en menaçant « l'intermédiaire » de tout révéler sur les forums et les guides GdR, petit futé et Lonely planet. Je demande aux gamins des pirogues alentour de m'amener « l'intermédiaire » au bord de la pinasse. En fait le moteur s'est remis à tourner, mais on ne part toujours pas. J'ai rapidement l'explication, finalement c'est le patron de la compagnie de transport lui-même qui vient vers moi. Sa pirogue vient à mes pieds, avec beaucoup d'emphase il me dit « Monsieur, descendez immédiatement de cette pinasse ». Trop heureux je ne résiste pas à cette sympathique invitation. Dès que je suis descendu, la pinasse repart. Comme prévu, je récupère tout ce que j'ai payé pour la pinasse contre la promesse de ne pas révéler les noms des protagonistes de cette mascarade.

Bilan, j'ai pu vivre le folklore d'une pinasse pendant 4 heures et cela vaut le coup. En plus, cela ne m'a rien coûté et je suis sorti du piège qu'on m'avait tendu. Maintenant, je vais pouvoir visiter tranquillement le pays dogon. Cet épisode à fait de moi une « célébrité » locale, je suis devenu « Monsieur Jean-François » pour beaucoup d'habitants de cette ville.

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