Mardi 2 juillet 2002
Résumé : Ooty, trek sur le territoire d'un tigre.

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Le matin de 8h30 à 11h30 je marche un peu au hasard dans la ville. Cette ville n'a rien à voir avec nos stations de montagne, c'est une ville indienne comme les autres: bâtiments moches en béton recouvert d'inscriptions aux couleurs vives, beaucoup de monde dans les rues. Seul point commun, il y fait frais.

Je regarde les excursions proposées par les agences. C'est un peu tard, mais on me propose une balade à Coonoor à condition de partir immédiatement. Heureusement que je prends le descriptif car on ne revient pas à Ooty. Quel salopard ce gars de l'agence, il était près à me faire partir sans mes bagages.... Je suis parti en lui faisant un peu la morale. Je profite de cette balade pour me renseigner aussi sur le meilleur moyen d'aller d'Ooty à Cochin. D'après les guides que j'ai sous la main, cela semble être la galère.

Finalement, en retournant à ma guesthouse, un guide, Sini, me propose ses services, il me propose un trek de 5 heures pour 250 roupies (approximativement 37 F), j'accepte sans discuter. On se donne un rendez-vous à 12h.

Je suis ponctuel à notre rendez-vous, comme les indiens ne sont en général pas très pressés, lui arrivera avec une demi heure de retard. Après avoir acheté quelques provisions, en particulier des biscuits sablés qui se vendent ici à l'unité et des cigarettes nous partons en bus. On commence par une balade dans les Nigri puis la visite d'un village Toda.

Les Toda sont un groupe ethnique en voie de disparition, ils ont une langue et une culture spécifique. Je réalise alors pourquoi le guide avait fait quelques provisions, c'était pour les offrir à une famille Toda en échange d'un court séjour dans leur petite maison. La maison est très petite, nous y sommes serrés à quatre. Il y a une vielle femme édentée qui ne parle que le dialecte de sa tribu, une autre femme, sa fille probablement, sert d'interprète. En fait pour communiquer avec la mémé, je parle au guide en anglais, il traduit en tamoul et la plus jeune des femmes traduit en dialecte Toda. La vielle femme s'occupe du feu, elle réveille quelque braises pour faire chauffer de l'eau. Je leur offre des portions individuelles de café en poudre. Comme d'habitude, ils n'ont jamais vu ça, ils sont très intéressés. Bon la mémé n'en met qu'une dose pour un litre de liquide, mais je ne suis pas là pour boire du bon café. C'est en fait très compliqué, il lui faut trois récipients qu'elle vide tour à tour les uns dans les autres. Le liquide est en fait un mélange d'eau et de lait. Bien sûr, je me demande si je ne vais pas attraper la tourista car on récupère tout ce qui traînait dans les trois récipients, enfin, il vaut mieux profiter de l'instant présent, on verra plus tard pour les effets possibles. Après un nettoyage très rudimentaire des verres nous pouvons déguster le café au lait. Avant de partir je leur offre d'autres doses de café et une poignée de stylos. Mon guide me fait d'ailleurs savoir qu'il aimerait en avoir autant.

A deux pas du hameau Toda nous pénétrons dans la forêt. Le guide me montre un emplacement ou un tigre a dormi récemment, c'est à peine à 200 mètres du hameau. On pénètre plus loin dans la forêt au milieu des Eucalyptus, Mimosa et autres plantes dont certaines sont endémiques. Après une longue marche, je vois le guide préparer deux bâtons longs de 2 mètres. Puis il m'en donne un et précise, "maintenant nous sommes dans le territoire de chasse d'un tigre, avec ce bâton tu pourras l'empêcher de s'approcher de toi". Tiens donc, cela n'était pas dans le contrat, bluff ou pas bluff ? dans le but d'offrir aux touristes des histoires à raconter à leurs petits enfants. On rencontre un troupeau de buffles sauvages, il me demande de ne pas faire des mouvements trop brusques car c'est dangereux. Plus loin, on trouve plusieurs ossements et carcasses de buffles ce qui prouve qu'on est bien sur le territoire de chasse d'un tigre. Au passage, j'ai compris que le bâton n'a qu'un rôle psychologique puisque le tigre attaque toujours par derrière ! Il me dit aussi, qu'il y a quelques semaines il a eu des touristes "chanceux" puisqu'ils sont tombés nez à nez avec le tigre. D'ailleurs, je m'interroge sur le sens du mot "chanceux", le guide et moi ne devons pas y donner exactement le même sens.

Nous sortons enfin du territoire de chasse du tigre. Le guide me propose de me débarrasser de mon bâton et de faire une pause de quelques minutes, nous fumons ensemble une cigarette très spéciale.

Nous sortons de la forêt pour aller voir une cascade. La cascade n'est pas terrible. En continuant notre chemin vers la civilisation, nous découvrons un autre garde manger. D'après le guide, il s'agirait d'un nouveau tigre qui vient juste de débarquer dans le coin. Juste avant d'arriver à l'arrêt de bus, on croise une bande de 5 ou 6 indiens joyeusement excités et munis de bâtons comme ceux qu'on avait en main un peu plus tôt. Le guide leur demande ce qu'ils font: ils ont appris qu'un tigre vient de tuer un buffle, ils vont essayer de lui piquer sa viande.

Avant de prendre le bus, nous allons prendre un repas dans une gargote. Une gargote du genre à ne jamais voir de touriste car le cadre fait peur. Les meilleurs repas que j'ai pris sont ceux où j'ai mangé comme les indiens en pataugeant avec les doigts dans le curry. De ce point de vue, c'est absolument génial de pouvoir profiter des services d'un guide.

On reprend le bus à travers des collines couvertes de thé à l'infini. Un arrêt est prévu avec une petite marche d'une demi-heure dans les plantations. Il fait sombre c'est un peu rageant de ne pas pouvoir faire de photos.

Ce guide m'aura offert un des meilleurs souvenirs de mon passage en Inde du Sud. Malheureusement il m'a demandé un prix dérisoire de 250 roupies. J'ai certes payé le bus les cadeaux pour la famille Toda, les boissons, le repas et lui ai donné un pourboire. Mais compte tenu de mon expérience acquise au cours de la suite de ce voyage, il est clair qu'il ne m'a pas fait payer assez cher sa prestation, il espérait sans doute que je doublerait le montant qu'il me demandait. Je n'ai pas eu ce reflexe... si vous faites travailler Sini, n'hésitez pas à lui donner plus qu'il ne demande.

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