Jeudi 13 juillet 2000
Résumé: retour à Antoétra puis longue attente du taxi brousse pour Ambositra.

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On se lève avec le jour, même un peu avant. J'apprécie des doses de café soluble amenées de France pour le petit déjeuner. Au menu, le reste de pain humide de la veille et quelques biscuits. On est assez pressés car le taxi brousse est sensé nous attendre à Antoetra à 11h. Je préfère prendre un risque en visitant tranquillement le village.

Ce matin il ne pleut pas vraiment, il y a des brumes et parfois un peu de crachin. Les rayons de soleil qui percent les brumes sont une récompense supplémentaire d'être venu jusqu'ici. Je regrette de ne pas avoir un bon appareil photo pour pouvoir faire des contre jours. Je mitraille quand même. Les maisons sont toutes de bois entièrement sculpté. Elles sont démontables en retirant des chevilles. Lorsque le bas est pourri, les maisons sont démontées puis remontées sur une nouvelle base.

Il me tarde d'aller voir (juste voir) les "toilettes" du village. Après avoir traversé le village comme indiqué la veille par Frédier, sur le versant de la colline il y a plusieurs petites cabanes plus ou moins (plutôt moins) "fermées". L'odeur confirme que j'ai trouvé les toilettes. En fait, les petites cabanes ne sont là que symboliquement, les étrons sont partout. D'ailleurs pourquoi seraient-ils dans les cabanes puisqu'il n'y a aucune évacuation. Il vaut mieux qu'ils jonchent le chemin, puisque cela permet l'élimination naturelle dont je crois avoir compris le cycle: les villageois, un peu moins délicats que moi, ne font sûrement pas un pas de côté pour éviter un étron. La chôse est alors malaxée en passant entre leurs orteils, malaxée et mélangée à la gadoue. D'ailleurs partout dans le village on ne trouve aucune singularité au sol, leurs petits pieds malaxent tout.

Nous sommes prêts à partir. Il va falloir aller assez vite pour faire les 22 km en moins de 3h30 pour ne pas rater le taxi-brousse de 11 h. On arrivera bien à l'heure malgré le crachin qui tourne à la pluie. Nous y sommes, mais pas le taxi.

A l'aller, j'avais accepté l'invitation d'un villageois à prendre le café chez lui au retour d'Ifasina. Une quinzaine d'enfants et d'ados nous suivent et rentrent aussi dans la maison. C'était aussi bien sûr le moment de tenir mes promesses de leur acheter quelques pièces d'artisanat. La discussion est animée, les prix baissent vertigineusement. Enfin, quatre d'entre eux auront gagné leur journée. C'est bien maintenant, je suis débarrassé de toutes pressions, tout le monde est redevenu sympa. Je donne à mon hôte quelques médicaments et une poignée de doses de café soluble. Il est temps d'aller voir si le taxi est arrivé.

Nous allons maintenant attendre le taxi sur la place du village. Les enfants jouent devant nous, on joue aussi un peu avec eux. Les jouets dont ils disposent sont d'une extrême simplicité. Ils ont en particulier deux carrioles de bois munies d'un genre de guidon, ils les poussent et les conduisent à tour de rôle. Ce sera là notre principale attraction en attendant le taxi. Je remarque alors qu'il n'y a que des garçons. Je demande pourquoi. La réponse de Frédier est très brève: "les filles ont autre chose à faire". Je n'en saurai pas plus.

Midi arrive, mais pas le taxi, 13h toujours rien, 14h toujours rien. J'encourage Frédier à partir à pieds, nous sommes à 40 km d'Ambositra, il y a seulement 26 km de piste qu'on pourrait parcourir avant la nuit. Le reste serait fait en stop. Mais Frédier est imperturbable, pour lui trois heures de retard c'est très banal. Enfin, à 14h30 voici la 404 bâchée.

Sous son chapeau de paille, le chauffeur a une bonne bouille sortie d'une BD, sa bonne bouille me décourage de lui faire la moindre remarque pour le retard. En fait, il n'aurait pas compris car la notion d'horaire n'existe pas ici en pays "mora mora". "Mora mora" signifie un état d'esprit où on n'est jamais pressé, stressé, on prend les événements comme ils viennent. J'ai l'immense privilège d'être invité à monter à l'avant du véhicule.

Le véhicule est débarrassé de tout ce qui n'est pas indispensable. Pas de vitres latérales mais un pare-brise, pas de poignées intérieures aux portes puisqu'on peut ouvrir en passant le bras à l'extérieur, le tableau de bord est débarrassé de tous compteurs et voyants. Par contre un ampèremètre chromé, flambant neuf, trône en plein milieu, il fait un peu tache. Le chauffeur est bien entendu pieds nus. Il a son pied droit en permanence à la fois sur la pédale de frein et d'accélérateur. Quand il freine il doit aussi bien sûr accélérer et débrayer pour éviter de caler.

Après deux heures de trajet me voici de retour au Grand Hôtel. Afin de ne pas perdre de temps le lendemain matin, je vais reconnaître l'itinéraire pour aller à la station de taxi-brousses du nord, celle qui dessert Antsirabe. Rien à signaler jusqu'au lendemain.

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