Dimanche 24 juillet
Résumé : Remonté en haut de la falaise, visite de Sangha et retour à Mopti


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Comme d'habitude on commence la journée par la visite du village où on a passé la nuit. Il s'agit d'une révision de ce qu'on à déjà vu plusieurs fois. Ici, la falaise ressemble à du gruyère tellement il y a d'habitations troglodytiques. Avant de quitter le village, Seck m'amène voir une tortue, elle est impressionnante, mesurant près de 70 cm de long elle doit bien peser 50 kg (au passage, j'ai la confirmation que de telles tortues peuvent tomber du ciel, mais heureusement c'est très rare, en général elles sont plus petites). On est aussi passé devant une maison « très sacrée » où je me suis fait gronder pour avoir osé poser la main sur le mur clôturant cette propriété. Je suis passé à côté de gros ennuis car il faut savoir que perpétrer un acte interdit impose au contrevenant l'achat d'une chèvre qui sera sacrifiée. Si le contrevenant ne se plie pas à cette règle, il est sûr de mourir dans les jours qui suivent ou bien d'avoir une maladie invalidante jusqu'à sa mort.
Avant de remonter la falaise on fait un petit détour afin de profiter d'un meilleur point de vue, puis il faut y aller, il faut remonter malgré la chaleur déjà étouffante. En fait, contrairement aux divers boniments entendus ça et là, la remontée n'est qu'une formalité, seul le soleil la rend un peu fatigante. C'est une formalité pour nous mais pas pour les gamines de 7 ou 8 ans qui transportent des charges de 10 kg sur la tête, cette marche forcée leur rapporte 100 Francs CFA. L'une d'entre elles a abandonné et pleure dans un coin. Seck la soulage de son fardeau. Quelques mètres plus loin une autre gamine tombe à mes pieds, c'est à mon tour le la soulager de son chargement. Arrivé en haut Seck perd son calme et engueule les adultes qui exploitent d'aussi jeunes enfants.
On passe le village de Bongo, puis le tunnel pour atteindre le meilleur point de vue sur la plaine au bas de la falaise. Sacrés Dogons, ils ont déboisé à perte de vue, on comprend pourquoi les Tellems ont dû fuir. On repart vers Sangha. Au bord de la route des dessins tracés dans le sable, le guide m'explique à quoi ça sert : la nuit des renards y laissent des traces de pattes, ces traces sont interprétées le lendemain par un expert local pour prédire l'avenir.
Nous arrivons dans le village, la famille de mon guide est une grande famille de Sangha, on en finit pas d'aller d'une maison à l'autre, il semblerait que sa famille occupe tout un quartier du village.
Le guide me propose de prendre le repas chez ses parents. Son frère étant l'épicier du coin, il me choisit un menu : deux boites de sardines à l'huile et une boite de 1 kg de macédoine de légumes. Je ne suis pas particulièrement friand de sardines à l'huile par contre les mouches maliennes les adorent. J'ai autour de moi un nuage de mouches si dense que je distingue à peine mon assiette. Le temps de d'amener un morceau de sardine à ma bouche, il y a déjà une vingtaine de mouches qui y ont atterri dessus. Les sardines c'est pas terrible mais des mouches, non ! Il me faudrait une troisième main pour agiter un éventail qui les chasserait. L'un des neveux du guide comprend mon problème et vient jouer le rôle de la troisième main qui me manque. Finalement, je n'ai guère avalé plus d'une dizaine de mouches.
J'ai de la chance, c'est le jour du marché (tous les cinq jours car la « semaine » dogon dure cinq jours). En attendant le départ du bus j'en profite pour m'y perdre.
Afin d'éviter d'attendre que le bus de Mopti soit complet, nous prenons celui qui va « directement » (il faut près de 24 heures) à Bamako. Cela nous attire pas mal d'ennuis car c'est contraire aux règles locales du savoir-vivre, on devrait avoir la patience d'attendre deux ou trois heures le bus de Mopti. Pauvres passagers allant à Bamako, ils sont serrés comme des sardines, je sens la sardine après le festin de midi, et le bus est très lent. Dans un premier temps on crève un pneu. Arrivé à Bandiagara, je dois récupérer mon sac à dos. On retarde le bus de 25 minutes supplémentaires le temps de trouver quelqu'un à l'auberge où j'avais laissé mon sac à dos. Ils sont bien élevés ces Maliens, personne n'a râlé.
Arrivé à Mopti, Seck trop timide pour aborder les touristes me demande de jouer son rôle. Je commence à mieux comprendre la situation très précaire des guides. Il y a beaucoup plus d'offre que de demande. Je n'aimais pas les guides, surtout les pots de colle, maintenant je n'aime plus les touristes, ils sont hautains, ils craignent de se faire arnaquer alors qu'ils ne font qu'exploiter la misère des guides car en position de force ils font trop baisser les prix. Quatre jours auparavant, j'étais moi même l'un de ces touristes. Je n'ai guère plus de succès que lui, je ne parviens pas à lui trouver un nouveau client (un mois plus tard il m'écrira que je suis toujours son dernier client). Je me mets à espérer que le site web que je vais réaliser pour lui dès mon retour en France lui permettra de sortir de cette galère.
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